Programmes de broderie : intégrer ou sous-traiter ?
Dans les entretiens préalables à mes actions de formation, les apprentis brodeurs me parlent souvent des problèmes qu’ils pensent rencontrer sur les techniques de broderie et l’utilisation de leurs machines, mais rarement des problèmes liés à la programmation. Il me semble important de rappeler qu’un bon brodeur, équipé d’une machine parfaitement réglée, ne pourra obtenir de résultat satisfaisant sans un excellent programme de broderie. Or, trop souvent, de très belles réalisations techniques comportent des défauts flagrants de programmation.
Nous allons donc faire un tour d’horizon des différents logiciels présents aujourd’hui sur le marché, puis nous nous interrogerons sur l’opportunité d’investir ou de faire sous-traiter ses programmes.
#1 LES LOGICIELS
Il existe plusieurs niveaux de logiciels. Je les ai classés en trois catégories :
- Les logiciels dits « familiaux » : plutôt destinés aux particuliers ou aux brodeurs disposant de la machine associée ou désirant faire un apprentissage en douceur du piquage. Ceux-ci offrent en général des fonctions de création de lettrage, des bibliothèques de dessins préprogrammés et la possibilité, pour certains, de faire la vectorisation automatique à partir de fichier image et du piquage traditionnel. Tous ces logiciels, qui restent malgré tout assez complets, conviennent plus pour des productions de logos peu complexes et nécessitant un temps de piquage relativement court.
– Drawings (éditeur Wings)
– DG Creator (éditeur Pulse)
– PE Design (éditeur Brother)
– Stich ERA (éditeur Sierra Technology)
– Embird (éditeur Embird)
– Digitizer (éditeur Janome)
– DesignerPlus (éditeur Bernina)
– 6D™ Embroidery (éditeur Husqvarna)
– Premier + (éditeur Pfaff)
- Les logiciels semi professionnels : les logiciels semi professionnels offrent les mêmes bases que les logiciels familiaux, mais possèdent, notamment au niveau du paramétrage et de la saisie, des fonctions supplémentaires permettant de gagner du temps de programmation et d’affiner la qualité de ses programmes.
– Embroidery Studio e4 Decorating (éditeur Willcom)
– DG Illustrator Extreme (éditeur Pulse)
– Drawings (éditeur Wings)
– Stitch & Sew (éditeur Compucon)
- Les logiciels professionnels : les logiciels professionnels reprennent toutes les fonctions des précédents, avec des possibilités très importantes de création au niveau des types de points et des effets, ainsi qu’une digitalisation et un paramétrage particulièrement performant.
– Embroidery Studio e4 Designing (éditeur Willcom)
– DG Maestro (éditeur Pulse)
– Modular (éditeur Wings)
– eXPerience (éditeur Wings)
© Wings
#2 INTÉGRATION OU SOUS-TRAITANCE
Les budgets sont bien évidemment proportionnels aux possibilités et aux fonctionnalités du logiciel. Comptez à partir de 1000 euros pour un logiciel familial et jusqu’à près de 8000 euros pour les versions les plus avancées. Compte tenu de l’investissement financier et de l’apprentissage complexe du piquage, beaucoup de brodeurs se posent la question de savoir s’il est judicieux d’intégrer le poste piquage à son activité ou de sous-traiter ses programmes.
Pour un brodeur qui débute, je conseille plutôt de se concentrer sur l’apprentissage des techniques de broderie et de commencer, dans un premier temps, par sous-traiter ses programmes. Equipé d’un logiciel d’entrée de gamme, le jeune brodeur pourra découvrir, à travers ses propres créations et les programmes qu’il fera sous-traiter, l’activité piquage. Il ne faut pas oublier que pour devenir un bon piqueur, il faut d’abord être un bon brodeur.
Pour un brodeur en activité, la réponse n’est pas aussi simple. Le poste piquage d’une entreprise industrielle de broderie est très souvent un poste à temps plein. La possibilité d’être totalement indépendant a ses avantages : autonomie, réactivité, rapidité et, surtout, la possibilité d’affiner ses programmes par rapport aux caractéristiques de son parc machines. Cependant, ce poste représente un coût et le chef d’entreprise peut légitimement se poser la question, compte tenu des tarifs très bas des entreprises sous-traitantes de programmes, d’un tel investissement (logiciel et personnel).
© C!Print
#3 LES PIÈGES À ÉVITER
- La vectorisation automatique, que tous les éditeurs de logiciels mettent en avant pour « impressionner le prospect », a ses limites. Elle n’est bien souvent pas exploitable en l’état, dans le cas de logos plus complexes. Il est pratiquement obligatoire de retoucher une vectorisation automatique. Beaucoup de brodeurs débutants, émerveillés par les démonstrations, pensent, au vu des résultats qu’ils obtiennent, qu’ils ne savent pas broder, alors qu’il s’agit souvent d’un problème de programme.
- Pour les brodeurs industriels qui font appel à de la sous-traitance, et pour l’avoir testé personnellement, certaines entreprises de programmation font réaliser leurs programmes en Asie. La saisie des programmes est généralement bien réalisée, mais l’organisation du dessin est souvent faite en dépit du bon sens (abondance de coupe-fils et de changements de couleurs, la plupart du temps inutiles). Cette mauvaise organisation de votre programme peut générer des temps de broderie supérieurs, dans certains cas, à 30 % du temps normal de broderie. Alors vérifiez et n’hésitez pas à retoucher ou faire retoucher.
Photo d’ouverture © C!Print
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À PROPOS DE L’AUTEUR
Autodidacte de la broderie, Olivier CETRA fonde, il y a 15 ans, la société Globe Brodeurs Associés. À force de travail et de persévérance, il impose grâce à sa vision moderne du métier, ses valeurs de qualité et de service. Son entreprise, installée à Nice depuis 1996 et composée d’une équipe jeune, dynamique et professionnelle, réalise tous les styles de broderie sur tous types de supports, quelles que soient les quantités.