Textile : redonner sa juste valeur au vêtement promotionnel
Aujourd’hui, 87 % des récipiendaires d’objets média souhaitent des produits made in France. Nous le constatons tous, le local a le vent en poupe, y compris dans le textile. Tant mieux ! Pour autant, il n’est pas question d’arrêter le made in Asia, qui peut faire partie du paysage de la consommation textile responsable, sous certaines conditions. Il nous incombe désormais d’accompagner ces tendances, pour que local rime avec responsable et import avec éthique.
La société civile est souvent le premier lanceur d’alertes en matière risques liées à la production textile. Travail des enfants dans les champs de coton, travail forcé des Ouïghours pour la récolte, le tissage et le filage du coton, manque de sécurité des travailleurs dans les ateliers : autant de drames qui poussent aujourd’hui les annonceurs à exiger d’acheter en local les produits sur lesquels ils apposent leur logo.
Dans le même temps, nous invitions en France, il y a trois ans, une ouvrière textile bangladaise, qui exposait dans le film Made in Bangladesh, dont elle était l’héroïne principale, son combat pour être syndiquée et obtenir de meilleures conditions de travail. « Exigez de la transparence et le respect des êtres humains et de la planète sur toute la chaîne de production, mais ne boycottez surtout pas le made in Bangladesh. Sinon, c’est 60 millions de travailleurs asiatiques qui se retrouveront sans emploi, rien que dans le secteur textile », expliquait Daliya Akter en conclusion de son récit.
Alors, chez Dream Act, notre position est claire : nous privilégions la production locale, mais nous ne proposons ni boycott, ni idées raccourcies. S’il est clair qu’il faut en finir, pour le bien de notre planète, avec une production effrénée de pièces textile en tout genre, il faut que la production nécessaire soit répartie dans les différents pays qui en ont besoin pour vivre. Cela implique de revoir considérablement à la hausse les conditions de travail et les salaires des ouvrièr.e.s textiles d’Asie et d’Afrique. Le made in China, made in Bangladesh et made in India peuvent faire partie du paysage de la consommation textile responsable, mais sous certaines conditions : produire beaucoup moins, instaurer un commerce équitable sur toute la chaîne, partager la production sur les cinq continents sur des critères de savoir-faire et non de dumping social.
CONTINUER À FAIRE LOIN, MAIS BIEN
Certains fournisseurs de textiles publicitaires font des efforts réels de transparence et de modifications profondes des conditions de travail sur place. Solo Group en est l’illustration. Grâce à leurs propres usines au Bangladesh, l’entreprise maîtrise mieux les risques sociaux et sanitaires, tout en établissant des process particulièrement vertueux. À travers son programme Wear & Care, Solo Group a pris soin de mettre en place les meilleures pratiques de sourcing matières, de respect des personnes travaillant dans le groupe, et de confection des produits. Recyclage de l’eau, soin des salariés via des actions locales, stricte égalité femme-homme, labellisation des produits et usines… le groupe français pousse la transparence jusqu’au bout, avec l’instauration d’un outil de comparaison de l’impact environnemental de ses produits, le Higg Index Material.
RELOCALISER, UN CHANGEMENT DE PARADIGME DANS L’OBJET PUBLICITAIRE
Et si les clients déclarent vouloir consommer local, on constate tout de même que, lors de la validation du devis, le prix est encore un frein au développement du textile publicitaire français. Un tee-shirt made in France est en moyenne dix fois plus cher à sa sortie d’usine qu’un produit made in Asia. Le cœur du problème est là, en BtoB comme en BtoC. C’est pour cela qu’en 2021 encore, 95 % du textile consommé en France est importé. Sur le plan environnemental pourtant, c’est indéniable : faire du local est la meilleure solution pour permettre à notre planète de respirer. Une étude de Cycleco (expert en analyse du cycle de vie, écoconception et calcul de l’empreinte environnementale des produits, ndlr) révèle que produire localement, en favorisant le circuit court, peut permettre de diviser par neuf ou dix l’impact carbone d’un produit.
Relocaliser une partie de sa production en France est donc un acte engagé, mais qui n’est pas encore rentable pour ceux qui s’y sont mis. Trouver des couturières et des ateliers, revoir les marges à la baisse… autant de difficultés auxquelles s’ajoute, in fine, le besoin d’accompagner les ventes avec beaucoup de pédagogie. L’époque où le modèle économique tournait sur la vente massive de pièces peu chères venues de l’autre bout du monde semble révolue. Qu’elles soient produites ici ou ailleurs, nos tenues publicitaires doivent retrouver leur juste valeur. Les clients achèteront moins, mais à nous, distributeurs engagés, de les aider à acheter mieux !
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À PROPOS
En 2021, retrouvez dans votre magazine C!mag la chronique de Cécile Fougerouse, co-fondatrice de la société de distribution Dream Act Pro. Spécialiste des objets publicitaires écologiques, Dream Act Pro accompagne ses fournisseurs sur les sujets de l’éthique et de la durabilité des objets et textiles promotionnels, et forme les annonceurs à une stratégie de communication par l’objet responsable. Au-delà de leur rôle de distributeur, Cécile Fougerouse et les équipes des Dream Act Pro sont donc conseillers, formateurs, conférenciers… Retrouvez leur regard d’expert dans cette chronique, qui doit susciter réflexions et débats sur les sujets qui animent notre secteur et qui doit également servir à nourrir le dialogue entre les différents acteurs de notre métier. La rédaction de C!mag.