Nathalie Fussler (CGF) : « En matière de RSE, la prise d’initiative donnera toujours un avantage concurrentiel »
La Confédération des Grossistes de France (CGF) réunit une trentaine de fédérations professionnelles, dont la 2FPCO. Sa mission première est de représenter et défendre le commerce de gros auprès des pouvoirs publics. Elle a aussi vocation à informer ses adhérents sur tous les sujets transverses à la profession. À ce titre, les enjeux liés à la transition écologique sont tels que la CGF a mis en place en avril 2024 un pôle Environnement, dirigé par Nathalie Fussler.
Pourquoi un pôle Environnement dédié était-il devenu nécessaire à la CGF ?
Pendant longtemps, les questions environnementales ont été traitées par le pôle Transport & Logistique. Les grossistes étant des logisticiens, le premier réflexe a été de s’intéresser à l’acheminement de leurs marchandises, en termes de bilan carbone notamment. Or, aujourd’hui, l’enjeu de l’environnement prend une place légitime et centrale dans les entreprises, qui va bien au-delà. Il a donc été décidé de lui consacrer un service à part entière au sein de notre confédération, afin d’aider les entreprises à appréhender les différentes réglementations environnementales auxquelles elles sont soumises.
Hormis les questions de transformation de flottes de véhicules qui restent du ressort de Transport & Logistique et le sujet énergie sur lequel nous assurons une veille conjointe, je reprends donc toutes les autres thématiques environnement et RSE. Cela répond aussi à une volonté de passer un cap, en étant force de propositions.
Qu’avez-vous déjà accompli en quelques mois ?
Dans la foulée de la création du pôle, j’ai animé fin avril un séminaire auprès des délégués généraux de nos fédérations afin de revenir sur les bases de la RSE. En effet, les fédérations n’ont pas toutes le même niveau de maturité sur ce sujet. Cela peut dépendre du secteur d’activité et de la typologie des entreprises qu’elles représentent. Les grandes structures sont souvent motrices, quand les petites PME ont moins le temps et de ressources à y consacrer…
En parallèle, notre priorité est allée aux sujets les plus urgents de l’actualité réglementaire, dont la future filière REP EIC (Responsabilité Élargie du Producteur pour les Emballages Industriels et Commerciaux) qui s’applique en France à partir de 2025 (NDLR : voir encadré ci-dessous). Voilà un sujet transverse par excellence, que je résumerai en deux mots : calendrier et complexité ! En effet, à deux mois de l’échéance*, plusieurs textes réglementaires manquent encore à l’appel pour définir qui est le « producteur », autrement dit le metteur sur le marché de ces emballages, et ce qu’on considère comme « emballages industriels et commerciaux ». Nous sommes encore loin d’avoir toutes les réponses.
La REP EIC, en bref
Imposée par la Directive européenne 94/62/CE, la REP EIC (Responsabilité Élargie du Producteur pour les Emballages Industriels et Commerciaux) impose le principe de la Responsabilité Élargie du Producteur à l’ensemble des emballages destinés aux professionnels. Concrètement, elle concernera en France, à partir de 2025, tous les emballages servant à conditionner et commercialiser les produits consommés ou utilisés par les professionnels, tous secteurs d’activité confondus.
Quels sont les prochains sujets sur votre feuille de route ?
En 2025, la CSRD (Directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises) occupera une grande part de nos travaux. En effet, certaines entreprises du commerce de gros seront concernées directement, mais les autres le seront indirectement en tant qu’acteur de la chaîne d’approvisionnement (fournisseur ou client d’une entreprise soumise à l’obligation). Nous assurons une veille sur les normes du rapport de durabilité et publierons des supports (notes, glossaire…) ou animerons des échanges (webinaire, conférence…) pour faire œuvre de pédagogie auprès de nos adhérents. Car nous avons à cœur de décrypter la législation et la règlementation du point de vue des grossistes.
Quant aux autres sujets à suivre, il y aura le règlement déforestation, celui sur les emballages et les déchets d’emballage ou encore la directive sur le devoir de vigilance, qui imposent peu à peu aux entreprises de se préoccuper de la conformité de l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.
En quoi pouvez-vous être utile aux professionnels de l’objet publicitaire en particulier ?
J’accompagne plus particulièrement la 2FPCO sur les filières REP, car la spécificité de ce secteur rend cette réglementation difficile à appliquer !
Pour le reste, le message que je souhaite leur faire passer est valable pour toutes les entreprises qui revendent des produits manufacturés : faites preuve d’initiative et n’oubliez pas qu’en matière de RSE, les efforts doivent être progressifs. Si vous n’avez pas la main sur l’éco-conception des produits, par exemple, vous pouvez tout de même interroger vos fournisseurs et faire évoluer vos politiques d’achat… Vous avez aussi un rôle de conseil auprès de vos clients, alors faites de vos initiatives en matière de RSE un avantage concurrentiel ! A ce titre, je recommande d’ailleurs notre formation intitulée « Grossistes, entre obligations et démarche volontaire, faire de la RSE une opportunité ».
*L’entretien a été mené fin octobre 2024.
BIO EXPRESS
2012 : Master en droit (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
2021 : Responsable économique et juridique à l’Alliance du Commerce
2024 : Directrice Environnement de la Confédération des Grossistes de France