Anaïk s’engage à relocaliser 25 % de ses achats
L’entreprise nordiste souhaite gagner en indépendance à l’égard de l’Asie, tout en valorisant le savoir-faire européen. Une orientation jugée essentielle par l’équipe achats d’Anaïk, afin de satisfaire ses clients, respecter ses engagements RSE et se prémunir de tout aléa d’approvisionnement.
100 % des achats d’Anaïk se font dans des usines auditées socialement et près de 80 % dans des usines évaluées par EcoVadis. Mais cela ne suffisait pas. L’année 2024 représente une nouvelle étape majeure dans la politique d’achats d’Anaïk (51,5 M€ de CA, plus de 100 collaborateurs). L’objectif de l’entreprise basée à Villeneuve-d’Ascq (59) : développer significativement son sourcing en dehors du continent asiatique. Cette volonté de relocalisation est motivée par les clients finaux du fournisseur – des enseignes beauté et des marques de luxe notamment. Les exigences relatives à son statut d’entreprise à mission, obtenu en 2020, et à sa labellisation B Corp, décrochée en 2022, ont aussi influé. Sans oublier la crise du Covid, qui a rebattu les cartes et incité à rapatrier les productions, afin de limiter l’impact d’une nouvelle crise d’approvisionnement.
CAP SUR LE PORTUGAL
Avec 70 % de son offre centrée sur les sacs et les trousses, Anaïk a jeté son dévolu, pour l’essentiel, sur le Portugal et ses usines textiles. L’objectif avoué est de parvenir à 25 % de productions européennes. Un sacré challenge quand on sait que le chiffre atteint aujourd’hui 14 % – même si cela progresse vite. « Quatre ans en arrière, 99 % de nos achats étaient réalisées en Chine, pour des raisons de coût, de savoir-faire et de volume, rembobine Séverine Toutain, directrice achats et open innovation chez Anaïk. Mais depuis l’année dernière, nous avons embauché une personne au Portugal et on a contacté des fournisseurs. Un écosystème favorable est installé sur place, il existe de nombreux ateliers de production audités et certifiés. Les infrastructures sont matures et elles peuvent absorber notre volume de production. »
Les capacités offertes par la France sont également explorées, dans une moindre mesure. Anaïk a ainsi noué des partenariats avec Les Tissages de Charlieu, dans la Loire, et avec des spécialistes du cuir recyclé. D’autres collaborations sont dans les tuyaux, dans le textile comme dans l’objet. « Notre client Système U exige du made in France pour ses cadeaux promotionnels. Cela nous pousse à travailler le sujet et on déniche parfois des solutions inattendues. Notre pays est plein de ressources ! », se félicite Mme Toutain.
Pour ses productions made in Europe, Anaïk ne duplique pas le même modèle qu’en Chine. L’entreprise réfléchit même à l’inverse : elle détecte les capacités de production sur le sol européen, puis elle s’adapte en conséquence. « On doit éduquer nos clients sur ce qui peut être produit en Europe, explique la responsable. Il ne s’agit pas de vouloir faire, il s’agit de comprendre comment on peut faire. »
MATIÈRES RÉGÉNÉRATIVES
Cette façon d’opérer permet au fournisseur de revoir la conception de certains de ses produits, en injectant de nouvelles matières régénératives, comme le Lyocell, fabriqué par les Autrichiens de Lenzing à partir de pulpe de bois. Le service R&D d’Anaïk travaille en effet main dans la main avec les achats, dans une logique d’open innovation, invitant à une réflexion collaborative. « Le chemin est long, mais les fibres artificielles possèdent un potentiel encore sous-exploité pour sortir du tout coton et réduire l’empreinte environnementale », souligne Séverine Toutain. Le déploiement en Europe permet aussi d’élargir la gamme de produits, en intégrant des produits cosmétiques, tels que des baumes à lèvres.
Pour autant, Anaïk ne rejette pas la Chine. Les usines du pays demeurent des alliées vitales pour le développement du fournisseur. « On a besoin de la Chine et on collabore en bonne intelligence depuis une vingtaine d’années. Nos experts qualité sont présents sur place et des audits stricts sont régulièrement menés. Les usines sont alignées sur nos attentes, donc nous allons poursuivre notre collaboration. Un nouvel équilibre va s’installer chez Anaïk entre l’Asie et l’Europe », affirme la directrice.
Source des visuels © Anaïk