Florence Mosnier, IPPAG : « Notre but est de fédérer de plus en plus d’acteurs du changement, au-delà de nos adhérents »
L’IPPAG, association mondiale de distributeurs née en Suisse en 1965, a beaucoup changé ces dernières années, sous l’impulsion de sa general manager Florence Mosnier. A la tête de l’organisation depuis 15 ans, elle a structuré son fonctionnement et étendu sa zone d’influence, se fondant sur une coopération toujours plus ouverte à l’échelle internationale, pour un impact sur des sujets RSE, achats ou IT.
Quelle est la raison d’être de l’IPPAG ?
C’est la mise en commun de savoir-faire et d’expertise, au service d’une vision durable de l’industrie promotionnelle. Notre mode de fonctionnement est un peu différent de celui d’une fédération nationale, car nos 35 adhérents sont des distributeurs issus de pays différents, établis aux quatre coins du monde. Pour la France, notre membre exclusif est Synneo. La majorité de nos adhérents évoluent au sein de l’IPPAG depuis de nombreuses années et nous limitons volontairement le nombre de nouveaux entrants, donc la confiance est bien installée. Cet état de fait contribue à un niveau de partage important entre nos membres. On échange sur les bilans financiers, les stratégies commerciales et les clients, au niveau régional ou mondial, en bonne entente avec une quarantaine de fournisseurs partenaires. Depuis n’importe quel pays dans le monde, des patrons peuvent s’appeler, se donner des coups de main et partager des documents ou des ressources stratégiques, de façon totalement ouverte. Le fait d’avoir un seul membre par pays facilite les choses, mais les frontières physiques n’existent plus et certains distributeurs opèrent sur plusieurs marchés, donc une forme de concurrence a cours. Elle reste toutefois limitée, car l’atomisation du marché offre suffisamment de place pour tous les acteurs.
Cette collaboration étroite permet-elle de décrocher plus de contrats, en particulier auprès de grands comptes ?
L’idée générale de l’IPPAG est de bénéficier à l’ensemble de l’industrie, à l’échelle mondiale. En s’alliant, nos adhérents possèdent une plus large envergure. Le fait d’appartenir à l’association leur donne un argument marketing à mettre en avant. Cela représente un atout important avec les fournisseurs, en termes de pouvoir d’achat, mais également avec les clients finaux. Nos membres travaillent au quotidien avec de grosses multinationales. Afin que l’IPPAG conserve sa dimension associative, nous avons fondé une entité commerciale en 2012, baptisée Prominate, qui détient des contrats internationaux, notamment auprès de grands groupes comme Siemens ou Castrol. Quand ces marques souhaitent développer une campagne de communication à l’échelle mondiale, intégrant des déclinaisons régionales, Synneo est en mesure de s’allier facilement à un partenaire américain ou allemand. C’est un système qui fonctionne bien et qui répond à un vrai besoin, car il n’existe pas de multinationale de l’objet. Il n’y a que des réseaux.
Avec un périmètre mondial et des adhérents aussi éloignés géographiquement, organisez-vous des rencontres en présentiel ?
Chaque automne, on organise un séminaire d’une semaine dans un des pays membres. L’année dernière, c’était au Guatemala, et cette année, ce sera en Autriche. Lors de cet événement, on rassemble des managers, des acheteurs et des équipes de ventes autour d’ateliers et de réunions. On travaille sur la raison d’être de chaque société, et nous réfléchissons aussi sur l’avenir de l’IPPAG et de l’industrie, plus globalement. D’autres rencontres ont lieu tout au long de l’année, comme autant d’opportunités de rassembler nos membres et nos fournisseurs partenaires. Notre baseline « We are gathering change makers » s’inscrit dans cette dynamique. Notre but est de fédérer plus en plus, au-delà de nos adhérents. Nous convoquons les parties prenantes de l’industrie dans son ensemble, des salons aux associations professionnelles, afin de contribuer à l’orienter dans une direction qui nous semble vertueuse.
Quels types de services offrez-vous à vos membres au quotidien ?
Une plateforme digitale est mise à disposition de toutes les personnes travaillant au sein des sociétés membres de l’IPPAG. On y retrouve des groupes interconnectés, incluant des communautés par métier (achats, ventes) et par thématique (durabilité, etc.), afin d’encourager la collaboration. Nous agissons essentiellement comme des facilitateurs, car beaucoup de choses s’organisent de manière organique. On fournit également des outils, à l’image d’un calculateur carbone, qui constitue un projet d’envergure sur lequel on travaille depuis plusieurs années. Il s’agit d’une solution développée spécifiquement pour notre filière, certifiée par un organisme indépendant et qui s’applique à toutes les catégories de produits. Nos membres l’utilisent dans leur catalogue, sur leur webshop, et ils l’intègrent dans leurs devis. Nos partenaires fournisseurs y ont aussi accès, notamment PF Concept et XD Connects, car ils ont contribué à son développement.
Au-delà de la responsabilité environnementale, désormais bien intégrée par le marché, quels sont les principaux champs d’action du moment, à l’échelle internationale ?
En lien avec un souci pour la durabilité et l’éco-conception, on tend vers plus de qualité et moins de volume, ce qui est une très bonne chose. A cela s’ajoute un basculement progressif du sourcing global vers des options régionales, en cohérence avec la réindustrialisation et le développement des fabrications locales. Un autre gros sujet sur le bureau de tous les managers, c’est la sécurité des données. On a cette problématique dans le viseur depuis quelques années, mais aujourd’hui, elle devient prégnante dans les demandes des clients. Il existe une exigence croissante sur le sujet, alors que le niveau de connaissance et de compétence du marché est, pour l’instant, plutôt bas. Dans un domaine voisin, l’IT occupe aussi tous les esprits. De nombreuses sociétés ont largement investi pour développer des webshops et des bases de données. On doit se poser la question de ce qu’on va en faire et comment on harmonise les process de traitement au sein du secteur. Ce questionnement nous amène aussi à explorer l’IA et ses implications pour le futur. Les États-Unis sont en avance en termes d’adoption de cette technologie et dans l’organisation des données. On doit s’aligner en Europe. Le chemin sera long, mais essentiel, car l’ensemble de l’industrie est concerné.
BIO EXPRESS
2003 : Bachelor of Arts Chinois et management (Durham University, Angleterre)
2004 : Responsable des achats Asie chez Lagardère
2009 : General manager de l’IPPAG
Source des viusuels : IPPAG.