Giving Europe, une symphonie polonaise
Sorties de terre en 2017, les installations ultra modernes de Giving Europe à Boleslawiec, en Pologne, n’intégraient initialement qu’un atelier de marquage. Elles ont, depuis, connu de nombreuses évolutions et un fort développement, jusqu’à une large extension logistique en 2021. Aujourd’hui, le site rassemble une imposante chaîne de production, où chaque employé et chaque machine ont leur place et leur importance. Reportage dans les coulisses de l’ambitieux fournisseur néerlandais.
Boleslawiec, dans l’est de la Pologne, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière allemande. En ce mois de novembre, la neige borde la chaussée, mais l’accès à la principale zone d’activités de la ville, qui n’existait pas quelques années en arrière, est parfaitement dégagé. Quelques secondes après le passage de la barrière d’entrée, on découvre le bâtiment massif de Giving Europe : 20 000 m² aux lignes modernes, entre verre et aluminium. Le fournisseur néerlandais s’est établi ici en 2017, pour y centraliser ses activités de marquage. Quatre ans plus tard, le stock a suivi, après une extension du bâtiment.
Le déménagement fut délicat, avec pas moins de 20 000 palettes à transférer depuis les Pays-Bas, mais, durant cette période, le traitement des commandes n’a pas été interrompu. « Cela démontre notre professionnalisme et notre application, se félicite Francis Hofstetter, directeur de Giving France. La tâche était complexe, mais cela s’est déroulé sans impact sur nos clients, et c’est bien là l’essentiel. »
Si les économies substantielles induites par une installation en Pologne sont évidentes, elles ne constituent pas l’unique raison du déménagement. « Nous souhaitions aussi avoir plus d’espace et gagner en réactivité. Avec un entrepôt aux Pays-Bas et le marquage en Pologne, on perdait une journée dans le traitement des commandes », justifie le responsable. Et depuis Bolesliawec, à seulement trois heures de route de Berlin, Giving peut aisément rayonner dans toute l’Europe de l’Ouest.
400 SALARIÉS
Dès les premiers pas à l’intérieur du bâtiment, le décor est planté. Speed, Simplicity, Fun : les valeurs de Giving s’affichent en grand sur les murs de béton brut.«Cela infuse dans nos choix stratégiques comme dans notre manière de travailler, explique Serge van Heesch, sales director de Giving Europe. Pour un groupe international comme le nôtre, composé de salariés de nationalités et de cultures différentes, il est vital de créer un socle commun, pour engager tout le monde dans la même direction. L’été dernier, on a donc organisé un séminaire avec l’ensemble des collaborateurs européens, en Pologne, afin de comprendre les missions de chacun et créer un esprit de corps. »
Boleslawiec a été choisi comme point de rencontre, car la majorité des employés de Giving Europe évoluent ici. Avec 400 personnes travaillant dans l’usine, le fournisseur est un employeur important pour la ville de Basse-Silésie, qui compte moins de 40 000 habitants. La preuve, un arrêt de bus a même été spécialement créé par la municipalité pour déposer les employés de Giving. Le taux de chômage étant inférieur à 3 % en Pologne, le recrutement n’est toutefois pas évident pour Giving. D’autant plus que la concurrence est féroce dans la région, car de grands noms, comme Mercedes et le discounter Action, sont implantés.
Giving tente donc de séduire ses futurs employés avec une offre attractive : pas de travail de nuit, une complémentaire santé et des installations modernes incluant des douches, une cantine et plusieurs salles de repos confortables. Aujourd’hui, à Boleslawiec, de nombreux ouvriers sont ukrainiens. Car depuis le début de la guerre en Ukraine, la Pologne a fait preuve d’une solidarité exemplaire en accueillant plus d’un million de réfugiés sur son sol, et Giving Europe contribue à cet effort en offrant un emploi stable à quelques-uns d’entre eux.
MARQUAGE À 360 DEGRÉS
En cette fin d’année, synonyme de haute saison, l’activité tourne à plein régime dans l’usine. Dans une première zone de 3 000 m² dédiée au marquage, une machine interpelle. Totalement automatisée, elle intègre des wagonets d’objets circulant sur un rail circulaire d’une dizaine de mètres, autour d’un immense bras articulé. Au moment de notre visite, des stylos et des badges sont personnalisés dans le même mouvement, après une détection automatique du format de chacun. Car cette machine peut réaliser jusqu’à quatre commandes simultanées.
Au pied de celle-ci, comme de toutes les autres, un dossier centralise des photos de la production en cours. Ces clichés, réalisés pour chaque marquage, sont transmis aux clients, pour un suivi, en direct ou presque, de l’avancée de leurs commandes. « Cette proximité et cette transparence sont essentielles à nos yeux, martèle Francis Hofstetter. On peut dire « non » à un client, mais si on s’engage, tout sera mis en œuvre pour un service de qualité. »
Plus loin, des porte-cartes de crédit à l’effigie de la Caisse d’Épargne Normandie sont marqués sur des tables à plat numériques. Sur un poste voisin, une employée réalise un test de couleurs pour un puzzle en bois. Elle vérifie que l’encre adhère bien au support, pour assurer un rendu fidèle aux attentes du client. Ces dernières années, le marquage s’est largement développé chez Giving.Alors qu’une seule technique était proposée par objet, l’entreprise en offre désormais une dizaine, au total.
Dernière technique intégrée dans l’usine, à l’automne, le « 3Sixty » se définit comme un marquage circulaire en numérique – une technique idéale pour marquer les bouteilles et les gourdes, incluant un vernis sélectif. Illustration de l’engouement pour cette offre, Giving possède déjà sept solutions d’impression dédiées. C’est le marché français qui a passé la première commande de « 3Sixty », avec 4 000 gourdes. De manière générale, la France représente un territoire stratégique pour Giving Europe, et, depuis le lancement de la filiale française, en 2011, la croissance y est constante. Serge van Heesch se montre ambitieux pour la suite : « On espère doubler notre chiffre d’affaires en France d’ici cinq ans, car le potentiel de ce marché est incontestable. »
ONE-STOP SHOP
Depuis son installation en Pologne, les investissements de Giving ont été réguliers, afin de s’équiper de solutions dernier cri. Aujourd’hui, près de 200 machines fonctionnent dans l’usine. Mais l’intervention humaine reste essentielle. Dans la zone consacrée au transfert numérique, une salariée prend ainsi des mesures précises, à la règle, pour s’assurer du centrage du blason de l’EDHEC sur des tote bags, avant d’actionner sa presse.
La qualité du marquage s’inscrit au cœur des préoccupations. Les tâches sont orchestrées de telle façon que chaque employé reste à son poste, sans déplacement inutile, pour maintenir une concentration et une productivité optimales. Les contrôles qualité sont réguliers, tout au long du flux de production. Pour chaque atelier et chaque commande, un examen s’effectue, a minima, sur le premier et le dernier produit personnalisé. Et tous les lundis matins, un bilan qualitatif complet est adressé à la direction, afin de réaliser, si besoin, des ajustements.
Dans le poste de contrôle de la production, toutes les commandes du moment sont affichées au mur. En bonne place, on remarque des demandes destinées à Groupama, April, ou Canal+. La France est le pays européen qui demande le plus de produits marqués chez Giving : 70 % des commandes sont livrées avec marquage. « Le marché français est en attente de simplicité. Un one-stop shop tel que le nôtre, avec un seul interlocuteur et une seule facture, répond à ce besoin », avance Francis Hofstetter.
Certaines commandes sont prioritaires, car un nouveau service a été inauguré en octobre dernier : la livraison express. « Habituellement, nous produisons en trois ou quatre jours. Mais avec cette nouvelle offre, nous réduisons le temps de production à 24 heures. Quinze objets étaient éligibles au lancement, et une soixantaine seront proposées en 2024 », promet Maciej Sliwa, le jeune directeur de l’usine, ingénieur de formation et adepte des triathlons Ironman.
EMBALLAGE RESPONSABLE
A quelques mètres des opérations de marquage, on découvre un secteur à l’atmosphère studieuse, presque calme. Ici, pas de machine. Nous sommes dans la zone de packing. On y déballe les cartons des produits importés, qui, une fois marqués, reviendront ici pour un nouvel emballage. Selon les objets, des opérations de démontage et remontage sont parfois nécessaires, comme pour ce porte-clés intégrant une étiquette personnalisée, ou pour cette gourde, dont le bouchon a été gravé et la housse s’est vue sérigraphiée. Lors de cette étape, un dernier contrôle du marquage s’opère.
Pour limiter l’impact environnemental, le même carton est utilisé pour la réception et l’envoi des marchandises. Par ailleurs, le plastique disparaît progressivement des emballages de Giving. Parmi les nouveautés du mois de septembre 2023, les lunettes de soleil, par exemple, sont conditionnées dans du papier kraft. Et pour caler les objets dans les cartons d’expédition, un distributeur automatique de papier recyclé est mis à disposition des employés.
En nous rendant vers l’entrepôt, on remarque un grand panneau orné d’un QR code. « Il s’agit d’un outil de suggestions, nous explique Maciej Sliwa. Si un salarié a, par exemple, une idée d’amélioration pour un process, il peut scanner le code et remplir un formulaire en ligne. Une fois par mois, nous nous réunissons pour faire le point sur les propositions et mettre en place les plus pertinentes. »
LOGISTIQUE DE POINTE
Zone de 16 000 m² créée lors de l’extension du bâtiment en 2021, l’entrepôt se divise en deux espaces distincts. Un premier traite les flux de marchandises, entrantes comme sortantes : ici, les containers déversent leurs palettes sur un convoyeur automatique, qui se connecte directement aux camions pour faciliter le chargement et le déchargement. Au total, neuf ouvertures sur l’extérieur sont dévolues aux flux, scindées par activité. « Deux servent au déchargement et cinq sont utilisées pour expédier les marchandises. Quant aux deux dernières, elles concernent le traitement des déchets », détaille Krysztof Kedzierski, le responsable logistique de l’usine.
Une fois les tests qualité effectués sur les objets importés, les palettes sont rescellées par un robot, prêtes à partir au stock. Dans cette deuxième partie de l’entrepôt, des racks de près de 20 mètres de haut, sur 100 mètres de long, se dressent face à nous. Cette structure de métal aux allures de cathédrale peut accueillir 20 000 palettes, sur sept niveaux. Pour nourrir les étagères, l’automatisation règne.
Les chariots élévateurs sont aiguillés dans chaque couloir, identifié par une lettre, grâce à une ligne magnétique incrustée dans le sol. Une façon d’assurer une progression précise des véhicules, uniquement d’avant en arrière. Lors de notre reportage, des travaux sont en cours pour prolonger l’alignement des racks. Le sol doit être parfaitement plat, afin d’accueillir le dispositif magnétique. Dès le mois de janvier 2024, 4 000 nouvelles palettes pourront être stockées. « L’objectif est d’arriver jusqu’à la lettre Z », plaisante à demi-mots Maciej Sliwa.
AUTOMATISATION POUSSÉE
Plus de 3 000 références sont stockées et, pour satisfaire les attentes d’écoresponsabilité du marché français, Giving intègre de plus en plus d’objets en rPET ou en bois. La part des productions made in Europe au sein du catalogue du fournisseur s’accroit également, en complémentarité avec les gammesfabriquées en Asie, dans des usines auditées et certifiées. Au-delà de sa propre marque « Impression », Giving distribue aussi des objets issus du marché BtoC (Parker, Waterman, etc.). « Nous cherchons des marques avec lesquelles on peut agir en exclusivité pour le secteur promotionnel. C’est le cas avec les gourdes écoresponsables Dopper, une marque encore peu connue en France, mais qui va certainement prendre de l’ampleur », explique Serge van Eesch.
Au fond de l’entrepôt, après les racks, une machine allemande de quinze mètres sur dix est dédiée au stockage des échantillons. Près de 1 000 objets y sont répertoriés, sur plusieurs étagères. Sur la base d’une simple commande vocale, les échantillons parviennent dans les mains d’une opératrice, en seulement quelques secondes, grâce à deux ascenseurs. Déjà bien équipé, Giving n’en a pourtant pas fini avec l’automatisation. Le fournisseur va opérer un important investissement logistique sur le premier semestre 2024. « Il s’agit d’une spirale automatique reliant l’entresol à la zone de stockage, qui permettra de transférer des marchandises directement dans les containers. Cela nous permettra de gagner un temps considérable », s’enthousiasme Maciej Sliwa.
Loin du ballet des chariots élévateurs, nous concluons la visite des installations par une aile du bâtiment encore inoccupée. Plusieurs bureaux spacieux et des salles de réunion dotées de grandes baies vitrées sont déjà prêts à accueillir de nouveaux collaborateurs. En terre polonaise, Giving Europe est déjà dans le futur.
Source des visuels : Giving Europe.