Laurent Marti, PDG de TopTex : « Nous croyons en un développement raisonné »
Évolution de l’activité, forces du moment, vision du marché textile : le fondateur et dirigeant de TopTex, Laurent Marti, revient sur l’histoire et balaye l’actualité d’un groupe français aux dimensions européennes, qui fête ses 30 ans en 2024. De Kariban à Native Spirit, on fait le point sur une véritable success story à la française, construite pas à pas depuis la région Occitanie.
Quel bilan global faites-vous des 30 ans passés à la tête de TopTex ?
Le premier sentiment qui me vient à l’esprit, c’est le plaisir. Le plaisir d’avoir contribué à l’évolution d’un marché encore balbutiant il y a 30 ans, en partant du monde publicitaire pour s’étendre au textile professionnel, au vêtement d’image et au sport. Le plaisir, aussi, de côtoyer une clientèle sympathique, au sein d’une industrie qui, grâce au don et à la personnalisation, procure de la satisfaction à celles et ceux qui reçoivent nos produits. Et enfin, le plaisir d’être entouré de collaborateurs fidèles, dont je suis très proche, et de nouveaux éléments qui sont totalement en adéquation avec la culture du groupe. Certains me suivent depuis le début. C’est le cas de Sylvie Raclot, la directrice administrative et financière du groupe, qui tient les rênes de notre budget d’une main de maître depuis bientôt 26 ans.
Ce constat dépasse-t-il les ambitions que vous aviez en 1994 ?
Notre réussite était inimaginable. Avant TopTex, j’ai créé une première entreprise d’objets publicitaires, en 1988. Et trois ans plus tard, j’ai racheté un atelier de sérigraphie. Je suis donc passé par différentes étapes avant de lancer TopTex et cela a forgé mon expérience. Dans les années 90, je sentais que le secteur promotionnel constituait un marché porteur, mais je ne m’attendais pas à ce que l’entreprise puisse atteindre cette taille. Car aujourd’hui, le groupe rayonne à l’échelle européenne. Il rassemble 450 collaborateurs et réalise 285 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Comment expliquez-vous le succès de TopTex ?
Si on fait ce qu’on aime et ce pour quoi on est doué, on part du bon pied. Mais cela ne suffit pas. Il faut y ajouter une bonne dose de détermination et de travail. Tous les premiers bénéfices de TopTex ont été réinvestis dans l’achat de stock, car la logistique a toujours été au cœur de notre stratégie. En tant qu’enjeu majeur de notre métier, nous lui accordons une importance capitale avec mon frère Vincent, co-gérant de l’entreprise et responsable de la logistique. En 30 ans, nous avons réalisé de gros investissements. Nous disposons à présent d’une surface de stockage de 58 000 m² pour nos 2 800 produits. Et nos deux plateformes logistiques semi-automatisées, en France et en Belgique, nous permettent de couvrir efficacement le sud et le nord de l’Europe. Nos quatre filiales, basées en Belgique, en Italie, en Espagne et au Portugal, ont aussi grandement contribué à la croissance du groupe. Elles ont su s’imposer sur ce marché concurrentiel et elles continuent de travailler à notre développement européen. Enfin, tout cela n’aurait pas été possible sans une architecture solide de notre système d’information. Cette délicate mission est dans les mains de notre DSI, Olivier Labourel, qui dirige les opérations en véritable chef d’orchestre depuis plus de 20 ans. Il sait remettre en question nos pratiques, afin d’améliorer nos process, année après année.
Quels sont les grands enjeux du moment dans le textile promotionnel, et comment les adressez-vous ?
Il faut reconnaître que nous évoluons dans une industrie ayant un certain impact environnemental. C’est pourquoi nous commercialisons uniquement des vêtements essentiels, loin de la fast fashion. L’écoresponsabilité prend également une place croissante au sein de nos gammes. Ce n’est pas nouveau chez TopTex, car un premier t-shirt en coton bio est apparu dès 2006 chez Kariban. Nous avons également lancé Native Spirit, une marque 100 % écoresponsable, et notre collection K-loop vient de la récupération et de la réutilisation de matériaux issus de nos productions, dans une logique d’économie circulaire. Enfin, la fabrication locale, qu’elle soit française, européenne ou du bassin méditerranéen, prend aussi de l’ampleur au sein du groupe.
Doit-on relocaliser la production textile à tout prix ?
Le Bangladesh reste un pays incontournable pour nos productions. Je m’y rends deux fois par an, depuis une vingtaine d’années, et l’évolution y est remarquable, sur le plan économique, mais aussi sur le plan social et environnemental. La qualité de fabrication n’a rien à envier aux usines occidentales, et, par ailleurs, l’Europe est incapable de fournir la main d’œuvre nécessaire pour répondre au volume de la demande. Si, demain, le Bangladesh vendait ses vêtements au même prix que certaines fabrications européennes, nous continuerions à travailler avec ce pays, pour deux raisons essentielles : leur savoir-faire et leur capacité de production.
Quelles relations entretenez-vous avec vos revendeurs ?
Nous apportons un maximum de services à nos revendeurs, afin qu’ils soient les plus performants possible. Nous avons la chance d’avoir un directeur commercial, Laurent Davin, qui fait un excellent travail avec ses équipes depuis le lancement de TopTex France. On reste sur la même ligne de conduite avec nos revendeurs depuis 1994 : construire une relation basée sur la confiance, presque amicale. Dans une société agissant de plus en plus par le biais du digital, TopTex fait partie de ceux qui pensent qu’on a encore besoin de l’humain. C’est la raison pour laquelle nous avons 30 commerciaux en Europe, dont 10 en France. Et nous intégrons des équipes ADV au sein de toutes nos filiales, afin d’être au plus proche de nos clients. On souhaite conserver ce lien direct et consolider nos relations historiques.
Quels sont les objectifs de TopTex en 2024 ?
Nous croyons en un développement raisonné. La croissance du groupe TopTex s’est construite au fil du temps, en prenant en considération les attentes des clients, les évolutions du secteur et le respect de l’environnement. En gardant ces éléments en tête, il est essentiel de continuer à innover. Chaque année, nous développons nos marques en lançant de nouveaux produits et en proposant de plus en plus de références écoresponsables. On va continuer à faire en sorte que notre offre crée la demande. Comme vous le savez, les destins de Toptex et de Kariban Brands sont étroitement liés. En 1996, lorsque j’ai créé Kariban, nous avions l’intuition que les t-shirts, les sweatshirts et les casquettes ne suffiraient pas. Notre gamme s’est ouverte aux chemises, aux bermudas, ou aux gilets, et le marché a répondu présent, car les clients finaux se sont rendu compte qu’ils en avaient besoin pour équiper leur personnel. Nous poursuivons dans cette voie, en proximité avec nos clients, avec notamment la nomination de Pascale Bateira en tant que brands manager de Kariban.
Visuels © TopTex