Les conseils de nos experts en broderie et piquage
Thierry Reynaud, dirigeant d’Atelier Sud, et Olivier Cetra, créateur de Globe Brodeurs Associés, répondent aux questions des lecteurs de C!Mag.
J’ai un logiciel de piquage pour débutant, puis-je tout de même réaliser un dégradé en broderie ?
T. R. : Oui, bien sûr, quel que soit le niveau de votre logiciel de broderie (à condition d’avoir accès au point de piqûre et de remplissage), vous pouvez réaliser un dégradé manuellement ou automatiquement.
Pour un dégradé automatique, commencez par faire une forme en points de remplissage, comme le rond dans l’exemple ci-contre, et réglez-le comme vous en avez l’habitude. Puis copiez cette forme, changez-la de couleur et ôtez-lui tous ses sous-points. Appliquez ensuite un dégradé de 0 à 100 % selon le niveau que vous souhaitez. Si votre logiciel n’a pas de fonction « dégradé », vous pouvez diviser la forme en deux parties (1/3 et 2/3). La première sera en remplissage, la seconde sera réalisée en points de piqûre et vous remplirez la forme manuellement en sautant une ligne de plus à chaque retour, comme dans l’exemple. L’avantage de gérer soi-même son dégradé est qu’on peut lui faire suivre les formes que l’on veut, ce qu’un logiciel a parfois du mal à réaliser en automatique (lorsque la forme tourne par exemple).
Parfois, j’ai des lettres qui ont tendance à se débroder, comment faire pour éviter cela ?
T. R. : Je pense que vous parlez de gros lettrages en bourdon qui, s’ils ne sont pas bien fixés à la fin du bourdon, se débrodent obligatoirement. Qu’ils soient programmables ou non, la plupart des logiciels de broderie proposent des points d’arrêt (ou points de fixation), indispensables pour une solide finition. À l’aide de point rapprochés, ils consistent à faire une sorte de nœud à la fin d’une séquence. Attention donc à ne pas les désactiver par inadvertance, car une broderie sans points d’arrêt est une broderie qui va forcément se débroder à un moment donné. Si le phénomène est très visible sur les bourdons larges comme les lettrages supérieurs à 5 mm, il peut aussi se produire sur tout autre type de point (piqûre ou remplissage), même si le « débrodage » sera moins important.
Une petite astuce pour éviter que vos lettrages épais ne se débrodent : terminez vos bourdons de biais, comme dans l’exemple ci-contre. Cela permet de solidifier le bourdon qui se termine par des points serrés, et ferme la partie ouverte du bourdon, diminuant ainsi les risques d’accrochage et de débrodage.
Quelles sont les principales épaisseurs de fils et dans quel cas doit-on les utiliser ?
O. C. : Pour les fils en rayonne ou polyester, il existe trois principales épaisseurs : 30, 40 et 60 par ordre croissant. Le fil le plus couramment utilisé est l’épaisseur 40, il permet à la fois d’avoir une densité de remplissage correcte et une finesse pour certains détails. Le fil 60 va s’utiliser pour des détails très fins comme des petits lettrages de hauteur inférieure à 0,5 cm ou pour des bourdons très fins. Le fil 30 est recommandé pour des zones de remplissage ou des gros bourdons, sa capacité de remplissage étant supérieure pour une densité moins importante, d’où un gain de points parfois important. Dans tous les cas, ne pas oublier d’adapter la densité du programme à l’épaisseur du fil (augmenter la densité pour un fil 30, la diminuer pour un fil 60).
Combien de fois par jour dois-je graisser mes cannettes et à quel moment ?
O. C. : L’idéal est de graisser ses cannettes 2 fois par jour. Préférer un lubrifiant en aérosol à un lubrifiant liquide, cela vous évitera d’avoir des projections d’huile trop importantes. Le graissage doit s’effectuer avant une production, donc généralement le matin et en début d’après-midi. Ne pas effectuer de graissage le soir en partant, car l’huile va couler sans lubrifier le crochet, celui-ci ne pouvant être correctement graissé que lorsqu’il fonctionne. Enfin, il n’est pas nécessaire de lubrifier l’intérieur de la cannette.