Le kit de démarrage du brodeur prévoyant
« Le commencement est un dieu qui fait tout réussir à qui lui voue le culte qu’il mérite. » Une phrase de Platon que vous devez méditer si vous avez décidé de vous lancer dans l’activité passionnante qu’est la broderie, d’ajouter cette corde à votre arc de décorateur textile ou de monter un magasin offrant la possibilité de personnaliser les supports que vous commercialisez. Afin de vous aider dans cette entreprise, voici ma liste, la plus complète possible, du matériel et des consommables qu’il vous faut prévoir pour démarrer dans les meilleures conditions.
Le kit de démarrage du fabricant
Vous venez d’acquérir une monotête et la formation assurée par le vendeur a sans doute été consacrée principalement à la prise en main de la machine et du logiciel de broderie. Dans le kit de démarrage qu’il vous a remis, même s’il a fait de gros efforts pour qu’il soit relativement complet, l’expérience m’a montré qu’il manque forcément des éléments permettant d’anticiper des casses ou d’assurer certains entretiens indispensables à la bonne marche de la machine. D’autre part, se pose la question des consommables et des fournitures nécessaires à la broderie : fils, aiguilles, viseline, nettoyant, colle, etc.
Quelle que soit la marque de votre monotête (Amaya, Melco, Barudan, Tajima, Toyota, Inbro, SWF, Feiya, etc.), un kit de démarrage sensiblement identique vous a été fourni. Il comprend en général quelques outils, un jeu de pièces détachées et un CD expliquant le fonctionnement de la machine. N’hésitez pas à négocier avec votre vendeur pour qu’il le complète au maximum. Terrot France a, par exemple, élaboré un pack « spécial débutant » pour les machines Tajima qui inclut des pièces détachées supplémentaires et quelques consommables (fils, aiguilles, ciseaux, etc.)
Il vous est également fourni un jeu de cadres et éventuellement un cadre pour les casquettes. Si vous pensez ne pas utiliser ce dernier, demandez qu’on vous le change pour d’autres cadres (bien utiles pour préparer des séries importantes) ou des fournitures. Les fabricants proposent maintenant différents cadres spéciaux pour broder les poches de chemises sans les découdre, pour les chaussettes et les manches, etc. En tout état de cause, essayez de négocier avec votre fournisseur le plus large éventail de cadres possible.
Les pièces de rechange
Tous les professionnels vous le diront, une machine à broder est conçue pour durer et pour fonctionner pendant des années sans problème majeur à condition de l’entretenir correctement. Cependant il vaut mieux prévenir d’éventuelles pannes que de se retrouver à devoir attendre la livraison d’une pièce détachée pour reprendre la production : « time is money » !
Je vous conseille donc de vérifier que vous avez les pièces de rechange suivantes :
– des boîtiers de canettes,
– des canettes,
– des vis de serrage de cadres,
– un système coupe-fil,
– un crochet,
– un pied presseur,
– un solénoïde (électro-aimant),
– un bloc d’entraînement,
– un pêcheur (pièce qui attrape le bout de fil qui pend quand le fil a été coupé),
– une courroie d’entraînement,
– une plaque à aiguilles et ses pièces afférentes.
Il m’est difficile de décrire plus précisément ces différentes pièces détachées, mais votre fournisseur saura vous aider et vous conseiller.
Les outils
Un bon artisan a de bons outils. Ceci est encore plus vrai pour notre métier. N’hésitez donc pas à investir dans du matériel de bonne qualité, évitez les promos « à 2 balles » sur des articles fabriqués en Chine avec on ne sait quel acier.
Tout d’abord, vous devez acquérir un compresseur pour pouvoir procéder au nettoyage et à l’entretien régulier de votre machine (je reviendrai dans un prochain article sur les procédures à suivre afin d’entretenir celle-ci efficacement). Quand vous utiliserez ce compresseur, veillez à ce qu’il crache de l’air totalement sec, la moindre présence d’eau étant nocive pour votre machine.
Vous devez également avoir une trousse à outils comprenant :
– un jeu de tournevis plats et cruciformes de toutes tailles (notamment un tournevis adapté au réglage de la tension du boîtier de cannette et un grand tournevis long pour le démontage de la plaque à aiguille),
– un jeu de clefs alènes,
– un jeu de pinces avec bouts plats et fins,
– du papier de verre à grain fin,
– un tube de colle Cyanolite,
– un pot de colle Pattex,
– un tube de graisse pour machine,
– un jeu de pinceaux pour le nettoyage,
– un petit marteau,
– une pince anglaise,
– une petite lime à grain fin,
– un jeu de clefs plates allant de la plus petite à la taille 17.
Enfin, demandez bien à votre fournisseur si le modèle de votre machine nécessite des outils plus spécifiques.
Les consommables
Conscients du fait que les brodeurs travaillent très souvent dans l’urgence, la plupart des distributeurs de consommables ont, ces dernières années, considérablement réduit leurs délais de livraison. Cependant vous devez posséder, dès la mise en route de votre machine, un certain nombre de choses indispensables.
Le fil à broder
Deux options se présentent à vous : commander dans un premier temps les couleurs basiques dans la palette de couleurs de votre fournisseur (blanc, noir, rouge, vert, or, argent, etc.) ou passer une commande plus importante vous permettant d’offrir à votre clientèle un choix plus complet et de réaliser des broderies en tonal ou en camaïeu de couleurs. Ce choix va dépendre du type de clientèle que vous envisagez de toucher. Pour le particulier, un choix limité de couleurs suffit. Pour le marché promotionnel, la mode ou le vêtement d’image, je vous conseille de prévoir un choix de couleurs plus large.
Concernant la qualité du fil, en résumé, les fils polyester sont moins chers et plus résistants que les autres, tandis que les fils en rayonne ont un aspect plus satiné et plus luxueux tout en offrant un choix de couleurs plus important. À vous de voir, mais n’hésitez pas à me consulter pour des conseils plus précis.
Le fil cannette
Aujourd’hui, le fil cannette proposé par la plupart des fabricants est en polyester. Il a l’avantage d’être plus résistant et surtout plus fin que le fil mélangé ou 100 % coton. Ainsi, les cannettes durent plus longtemps.
Commandez les deux seules teintes généralement disponibles : le blanc classique, mais aussi le noir pour les broderies sur support foncé.
Si pour un travail bien particulier, vous souhaitez utiliser du fil cannette d’une autre couleur, vous pouvez avoir recours à du fil à broder qui n’a cependant pas le même diamètre et qui n’offre donc pas les mêmes garanties de résistance.
La colle et le nettoyant
Attention, à utiliser avec parcimonie : les mécanismes des machines n’aiment pas la colle, pensez surtout à régulièrement nettoyer les parties exposées de votre machine avec un bon nettoyant (je recommande les produits de la gamme ODIF : colle 505 et nettoyant DK5)
Veillez surtout à ne pas encoller vos supports trop près de la tête de votre machine et si vous ne pouvez pas faire autrement, pensez à protéger votre tête de machine avec un carton.
Pour enlever les accumulations de colle, vous pouvez également utiliser de l’alcool à brûler ménager, son seul inconvénient étant de laisser la pièce nettoyée très sèche, donc pensez à lubrifier si vous nettoyez une des pièces essentielles de votre machine.
La viseline (non tissé)
Les fabricants vous proposent des viselines de différents grammages, je vous conseille de vous en procurer deux qualités : une de base, en 45 ou en 55 g/m2 par exemple, et une plus épaisse en 75 g/m2 à utiliser sur des supports plus fragiles. Rappelez-vous que, comme dit le proverbe, « Abondance de viseline ne nuit pas ! ».
Si vous brodez à plat sans encadrer, prévoyez une viseline de 75 g/m2 pour votre pantographe ou doublez l’épaisseur si elle a un grammage plus faible (45 ou 55 g/m2). Dans ce cas-là, je vous recommande également la viseline thermocollante. Vous pouvez aussi commander de la viseline noire pour qu’elle soit adaptée à la couleur du support que vous brodez.
L’hydrosoluble ou Solvy
Le film hydrosoluble est indispensable pour broder de l’éponge bouclette ou velours et éventuellement des polaires. Préférez un hydrosoluble épais si vous brodez sans encadrer (cela évitera qu’il se mette en boule). Si vous encadrez, prenez un Solvy microporeux fin et encadrez le avec votre support.
Les ciseaux et accessoires.
Comme pour les outils, ne lésinez pas sur la qualité des ciseaux, il vous faut principalement :
– des coupe-fils pour travailler sur la machine en cours de production,
– des petits ciseaux de brodeur à pointes fines pour effectuer le nettoyage de vos broderies (Madeira commercialise à un prix raisonnable des ciseaux courbés très pratiques pour couper les surplus de fils),
– des grands ciseaux de couture pour couper la viseline ou les échantillons de tissus,
– des bruxelloises ou pinces à épiler.
Les aiguilles
Le choix d’une aiguille dépend du fil utilisé et de la texture du support à broder. Pour répondre à pratiquement tous les cas de figure, je vous conseille de prévoir :
– des aiguilles en 65 SES pour les supports fins,
– des aiguilles en 70 ou 75 SES pour la majorité des supports (tee-shirts, polos, etc.)
– éventuellement des aiguilles en 80 si vous brodez du cuir ou des matériaux épais comme les casquettes ou les tapis de selle.
Le lubrifiant
Le bon entretien de votre machine nécessite une lubrification régulière des pièces essentielles. Je vous recommande des lubrifiants en aérosol (type LB5 de chez ODIF) qui vous éviteront des dégorgements toujours difficiles à contrôler avec une huile machine classique.
Les différents conseils donnés dans cet article ne sont évidemment pas exhaustifs, mais doivent vous permettre d’aborder votre nouvelle activité avec le maximum de confort et de sécurité. Comme d’habitude, je vous rappelle que toutes vos suggestions, remarques et questions seront les bienvenues et je répondrai à chacun de manière détaillée. Vous pouvez me contacter via mon mail, cetra@globe-brodeurs.com, ou sur mon portable au 06 12 10 72 71.