Passot : la quête de l’innovation
Le groupe ligérien, qui fêtera ses 60 ans dans deux ans, a construit sa croissance autour de deux piliers : l’import d’Asie et la fabrication française. Aujourd’hui seul industriel français en injection plastique du secteur de l’objet média, Passot Innovation bénéficie du retour en grâce du made in France. L’entreprise du Coteau, qui consacre chaque année entre 5 à 10 % de son chiffre d’affaires aux investissements, est perpétuellement en quête d’innovation, que ce soit au niveau des produits que des process. Passot, qui réalise déjà 40 % de son activité via internet, vient ainsi de lancer un tout nouveau webshop, pour lequel le groupe a mobilisé une enveloppe de 100 000 euros.
Toutes photos © Passot Innovation
Chez Passot Innovation, l’entreprise est évidemment une affaire de famille. Fondée en 1963 par André Passot, la société fait alors du négoce d’objets publicitaires à partir du domicile familial de l’Hôpital-sur-Rhins (42). « Mon père achetait des pièces détachées en plastique à Oyonnax, en Italie et en Allemagne. Il utilisait ensuite le marquage à chaud pour la personnalisation et faisait assembler les différentes parties – porte-clés, stylos (entre autres) – par des travailleurs à domicile dans toutes les fermes des environs », explique Bertrand Passot, directeur général. Au début des années 1970, André Passot est rejoint à la tête de l’entreprise par sa femme, Monique. Un premier réseau de vente se tisse alors avec l’apparition du métier de revendeur, puis une première usine sort de terre, en 1977, tandis que les techniques de marquage évoluent vers la sérigraphie et la tampographie.
Et pour proposer à ses clients des objets publicitaires innovants et exclusifs, Passot élargit son activité en créant ses propres modèles, et investit dans des moules d’injection plastique. C’est un tournant : outre le négoce, la société familiale devient fabricant et pose les (deux) piliers de sa structure actuelle : l’import et la fabrication française. En 1987, le groupe s’installe dans la zone industrielle du Coteau, au sud de Roanne – un terrain de 3 ha, sur lequel Passot dispose aujourd’hui de 6500 m2 couverts – et la seconde génération entre dans l’entreprise. Aujourd’hui, les frères Passot se partagent les responsabilités – Bertrand à la direction générale, Philippe à la direction financière, Patrick à la direction technique – secondés par Cécile Passot (la femme de Bertrand) à la direction des ressources humaines, et Jean-Pierre Soubeyre, à la direction commerciale et marketing. Ensemble, ils dirigent une équipe de 41 personnes, dont douze au service commercial et six au service PAO.
MADE IN FRANCE ET ÉCO-CONCEPTION
Si la crise du Covid est venue, comme partout, mettre un frein au développement de l’entreprise, Passot sort d’une décennie de croissance linéaire qui l’aura vu atteindre 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si la majorité du volume d’activité est encore réalisée par le négoce (50 %), les produits de fabrication française, conçus et réalisés en interne, représentent désormais 30 % du chiffre d’affaires (le solde sur des opérations de marquage et logistique). « Ces dernières années, notre croissance a été tirée par l’évènementiel, notamment grâce à la fabrication de gobelets, donc par nos propres produits, explique Bertrand Passot. Cela nous a permis de lancer des projets d’investissements, comme l’acquisition de notre ligne de production IML* ». Chaque année, le groupe ligérien consacre ainsi entre 5 et 10 % de son chiffre d’affaires aux investissements, que ce soit au niveau des produits ou des process.
En 2020, Passot Innovation a, entre autres, lancé un gobelet entièrement fabriqué à partir d’une matière bio-sourcée, sans aucun composant issu du pétrole. Le résultat d’un an de R&D avec le compounder – comprendre le fabricant de matière – une société française qui a travaillé avec Passot à la conception de cette matière bio-sourcée injectable, marquable et compatible avec les normes alimentaires. « Nous ne pouvons pas faire de biodégradable en injection, mais nous savons développer des produits bio-sourcés, éco-conçus et éco-responsables. C’est une vraie demande des clients et la crise du Covid a accéléré cette tendance », analyse Bertrand Passot. Trois à quatre nouveautés sortent ainsi des usines Passot chaque année.
« En règle générale, un lancement de produit représente entre quatre à six mois de travail. Tout part d’une étude de marché, puis notre bureau d’études interne conçoit le moule, que nous fabriquons ensuite, avant de mettre au point nos outils de marquage. Par exemple, la seule création du moule pour un gobelet quatre empreintes a représenté 400 heures de travail », précise le dirigeant. Un sacerdoce, mais aussi une fierté – celle d’être aujourd’hui le seul industriel français en injection plastique du secteur de l’objet média – et, depuis peu, un avantage concurrentiel mesurable. « Depuis trois ans, la fabrication française s’est transformée en un véritable atout, notamment en termes d’image, se félicite Bertrand Passot. Aujourd’hui, le made in France est synonyme de responsabilité sociale et environnementale, de souplesse et de réactivité ».
DIGITALISATION ET INTERNATIONALISATION
Un tiers des produits présents au catalogue Passot sont désormais fabriqués en interne, les deux tiers restant étant issus de l’importation. Pour cette activité d’import Asie, la société du Coteau travaille avec des usines partenaires en Chine depuis très longtemps – parfois depuis 30 ans – où des lignes de production et des équipes lui sont dédiées (voir même des moules en propriété). Le groupe français travaille ainsi avec une cinquantaine de fournisseurs en Asie : dix grands partenaires principaux, et des acteurs plus petits, le plus souvent spécialistes mono-produit. Passot, qui référence près de 700 produits, renouvelle chaque année 10 % de sa gamme import, et maintient des niveaux de stocks très importants. « C’est une question stratégique, car les délais de livraison, qui étaient de quatre à six semaines il y a encore cinq ans, sont aujourd’hui de deux semaines, estime le directeur général. Nous avons donc 40 % du chiffre d’affaires de l’année en stock ». Autre activité névralgique : le marquage. Sérigraphie, tampographie, gravure laser, transfert, impression quadri numérique, jusqu’au doming : avec ses 50 machines, dont deux unités automatiques d’impression pour les gobelets, Passot est indépendante et en mesure de marquer tous ses produits en interne.
En 2021, outre les nouveautés produits, l’entreprise française a consacré ses investissements au développement d’un tout nouveau webshop, plus rapide et plus fluide que la précédente version, et qui offre aux clients la possibilité de suivre la préparation de leur commande à chaque étape. En ligne depuis début avril, ce nouveau site aura mobilisé une enveloppe de 100 000 euros. Passot, qui réalisait déjà 40 % de son chiffre d’affaires via internet, espère que cette nouvelle plateforme dopera encore ce canal de commercialisation. Un outil qui pourrait également aider la société dans ses ambitions de développement à l’export. Passot Innovation, qui travaille aujourd’hui avec quelque 1500 revendeurs actifs, ne réalise encore que 3 % de son chiffre d’affaires à l’international, essentiellement en Europe (Benelux, Italie, Suisse, Autriche, Afrique francophone). Mais cette activité est en croissance. Avec son ancienneté, ses savoir-faire, son outil industriel, ses capacités d’investissements et d’innovation, sa maîtrise du sourcing comme de la fabrication et du marquage, et le souffle du made in France dans le dos, Passot Innovation semble en mesure de partir à la conquête de nouveaux marchés.