Photoshop, l’outil de base pour la quadri
Lorsque vous débutez en matière de quadrichromie et que vous ne comprenez pas encore bien Photoshop avec les courbes de compensation, les trames, la définition et autres termes techniques, il peut être préférable de faire appel, dans un premier temps, aux services d’un photograveur spécialisé ou à un bureau de sérigraphie à même de transformer vos fichiers, jusqu’à ce que vos essais soient plus concluants et surtout plus fiables. Cependant, les photograveurs sont trop rarement capables de donner le meilleur service en sérigraphie car les éléments colorimétriques et mécaniques leur manquent.
Si, par contre, vous maîtrisez assez bien Photoshop, il vous sera plus aisé de comprendre ce qui va suivre en réalisant des tests dès que vous en aurez le temps. J’insiste sur ce point car les tests représentent du temps perdu, donc un manque à gagner dans l’absolu, mais une technique éprouvée est par la suite le gage d’un gain de temps quotidien et d’une économie directe. Rien ne remplace le plaisir de savoir, en un seul coup d’œil sur les films, que le résultat du travail après l’impression et le séchage sera impeccable !
Enfin, si vous possédez un atelier de taille moyenne à importante et que l’infographie et la production ne sont pas prises en charge par les mêmes personnes, il faudra absolument que les différents acteurs se mettent d’accord sur les encres utilisées et la meilleure façon de produire films et clichés.
Un logiciel qu’il faut adapter à l’impression sur textile
Photoshop est un logiciel qui a été conçu pour les professionnels de la création, de la publicité et de l’édition. Il est complet au point de proposer, automatiquement, des profils de visualisation et de séparation des encres quadri. Génial, mais attention : nombre de créateurs de mes amis, très performants sur le plan des effets de calques et de filtres, n’ont aucune idée de la façon dont se produisent les séparations quadrichromiques, car leurs machines sont réglées sur des « standards » d’encrage qui sont à peu près adaptés à l’impression sur papier.
Dans notre domaine, c’est différent ! Les réglages standards de Photoshop ne tiennent pas plus compte de la pigmentation élevée des encres textiles, que de l’effet « Sopalin » du tissu, qui pompe l’encre et amène un grossissement du point de trame plus important que la normale.
C’est donc dans Photoshop que tout va se passer : avant de lancer le transfert en couleurs quadri, il faut créer des valeurs correspondant aux encres sélectionnées avec, en tout premier lieu, un grossissement des points. La valeur de base pour le papier étant 9 à 15 % d’engraissement, pour le textile, elle passera à 35 ou 40 % en impression « mouillé sur mouillé », c’est-à-dire sans séchage intermédiaire. Certains fabricants donnent volontiers les valeurs chromatiques de leurs encres et vous pourrez donc imposer ces valeurs à Photoshop avant de créer votre séparation. Cela ne suffit pas à obtenir la perfection, mais c’est déjà un bon début.
Des tests sont nécessaires pour atteindre les bonnes valeurs colorimétriques
Après avoir entré ces différentes valeurs dans le logiciel, il faudra définir un pourcentage d’encrage maximal et surtout fixer la limite à partir de laquelle l’encre noire va commencer à influencer l’image finale, en d’autres termes à partir de quel niveau « sombre » le noir va apparaître. Ce dernier point est très important car, si Photoshop intègre des faibles valeurs de noir dans vos jaunes ou vos tons moyens… c’est la catastrophe assurée !
Une fois les bonnes valeurs colorimétriques atteintes, vous pourrez réaliser une première épreuve test. Il est bien sûr possible de le faire à la main sur un carrousel classique, mais il faudra alors veiller à racler de façon très régulière, en pression comme en vitesse, et avec des racles de qualité constante. Dans le cas d’une machine automatique, il faudra prendre soin de la régler correctement, de noter ces réglages et de tirer au moins une vingtaine de pièces avant contrôle puisque, au début des productions, l’engraissement du point augmente progressivement pour se stabiliser ensuite (phénomène typique des méthodes d’impression « mouillé sur mouillé »).
En comparant cette première épreuve à l’image de référence, vous pourrez contrôler de visu les changements qui apparaissent au tirage, isoler les zones qui « foncent » le plus et réagir en les modifiant dans Photoshop grâce à l’outil « Courbes ».
Les plus persévérants (ils se reconnaîtront pour avoir lu ces lignes jusqu’ici…) se lanceront donc dans l’aventure après avoir noté leurs remarques sur le tee-shirt de test ou dans leur carnet personnel, puis ils tireront de nouveaux films et sortiront glorieux d’une bagarre colorimétrique éprouvante, mais riche d’enseignements !
Par Jean-Jacques Poucet