Le « Remade in France », une solution d’avenir
La mode est le reflet des combats de nos sociétés. Alors qu’au début des années 70 les femmes bataillent pour la reconnaissance de leurs droits, Michèle Alliot-Marie, alors jeune conseillère politique, se voit rappeler à l’ordre pour être entrée en pantalon à l’Assemblée Nationale. « Si cela ne vous plaît pas, je l’enlève ! », s’exclame-t-elle. Aujourd’hui, un nouveau combat occupe le terrain : la protection de l’environnement. L’état de la planète exige de produire moins et mieux, et le secteur textile n’y échappe pas. Parmi les initiatives vertueuses du moment, l’inauguration en Mayenne de l’usine Renaissance Textile, où seront recyclés 30 millions de vêtements par an, symbolise les efforts de l’industrie pour plus de sobriété.
Par CÉCILE FOUGEROUSE, co-fondatrice de DREAM ACT PRO
Le textile est l’un des secteurs d’activité les plus polluants au monde. Pesticides dans les champs de coton, eaux polluées, CO2 généré par les machines de production et le transport, etc. Nous connaissons désormais tous les chiffres de l’impact environnemental de l’industrie textile. Mais comment agir ? En Mode Climat, collectif de plus de 500 acteurs de la filière textile, dont Dream Act est membre, nous aiguille vers trois leviers principaux.
TROIS LEVIERS D’ACTION
Il s’agit premièrement de réduire le volume de textile neuf sur le marché. En tant qu’acteur du textile publicitaire, nous pouvons agir en accompagnant nos clients à investir dans des produits durables et de qualité. Un objet média efficace est un objet média utilisé, pas caché au fond d’un placard. Au final, les intérêts de nos clients croisent ceux de la planète, alors mettons sur le marché des pièces textiles qui seront fièrement portées.
Deuxième levier : la relocalisation. Défendre le « made in Local » n’est pas qu’un acte de chauvinisme, c’est un impératif pour diminuer l’impact carbone de l’industrie textile. Car un vêtement produit en France émet environ deux fois moins de gaz à effets de serre qu’un vêtement produit en Chine. Et pourtant, 96 % de notre consommation textile est importée.
Troisième action possible, réparer et réemployer. Chaque année, c’est l’équivalent du poids de 80 Tour Eiffel de vêtements qui sont jetés en France. 6 % seulement finissent en friperie. 80 % partent en Afrique et en Asie pour échouer sur les plages ou sur les marchés, détruisant ainsi l’industrie locale, mais également l’image de nos clients ayant apposé leur logo sur un t-shirt à la dérive.
RENAISSANCE TEXTILE OU LE TEXTILE CIRCULAIRE
Allier ces trois actions peut sembler difficile. Et pourtant, Les Tissages de Charlieu, TDV Industries et Mulliez-Flory, trois acteurs historiques de l’industrie textile en France, ont relevé le défi. Leurs dirigeants ont eu le courage d’investir 25 millions d’euros pour contribuer à l’industrie de demain, sous la forme du projet Renaissance Textile.
A court terme, cette usine basée à Laval (53) fournira 9 000 tonnes de fibres recyclées par an pour fabriquer de nouveaux vêtements, grâce à des machines françaises. Des produits qui ne seront donc pas uniquement « Made in France », mais « Remade in France ». Par exemple, sur la base de 3,5 tonnes de blouses usagées, dont les fibres seront homogénéisées et testées en laboratoire, pas moins de 3 tonnes de fil recyclé pourra servir à tisser des sacs recyclables, consignables et décarbonés.
« Aujourd’hui, dans les conditions actuelles de production, un kilo de textile génère 54 kg de CO2. Si on produit dans l’Hexagone, avec des matières premières recyclées et au sein d’un processus industriel français, on divise notre impact par 10 ! Le projet Renaissance Textile représente le support d’une nouvelle ambition pour l’ensemble de la filière textile, à la fois responsable et créatrice d’emploi », souligne Eric Boël, dirigeant des Tissages de Charlieu.
Mais le vent du changement ne se limite pas au textile. D’autres industriels français agissent dans le domaine du recyclage. Sur le marché des instruments d’écriture par exemple, BIC a lancé son programme Ubicuity®. Dans ce cadre, l’entreprise fabrique une gamme de mobilier d’extérieur réalisée à partir de stylos recyclés, en partenariat avec Plas Eco. De plus en plus d’entreprises françaises agissent, à nous de les encourager dans leur démarche.
Sources des données chiffrées : Quantis, McKinsey, Cycleo.
Source du visuel principal : Renaissance Textile.