Tout ce qu’il faut savoir pour bien broder à plat
La technique de la broderie à plat consiste à broder sans se servir des cadres, mais en utilisant le pantographe de votre machine comme support. Cette technique est surtout utilisée par les brodeurs industriels sur des multitêtes, mais peut également être adaptée aux personnes qui travaillent sur des monotêtes.
Vous utilisez une monotête ?
En matière de broderie à plat, deux cas se présentent pour les utilisateurs de monotêtes. Soit vous avez acheté pour votre machine le pantographe qui est souvent proposé en option. Vous devez alors utiliser votre monotête avec le plateau fixe et ce pantographe. Soit vous n’avez pas opté pour cet équipement lors de l’achat de votre machine, vous devez donc utiliser votre plus grand cadre comme pantographe en y insérant de la viseline, la plus épaisse possible (n’hésitez pas à en mettre plusieurs épaisseurs si nécessaire).
Les avantages de la broderie à plat sont nombreux. Pour commencer, cette technique supprime tous les inconvénients liés à l’usage des cadres, à savoir :
– Les traces laissées sur le support (en particulier sur les supports foncés).
– Les problèmes de tirage de tissu, notamment lorsque le motif à broder comprend des zones de remplissage importantes avec des contours en bourdon ou en point piqûre. En effet, la tension du tissu ou le serrage du cadre peuvent jouer sur l’exactitude des contours.
– Le fait que, après plusieurs lavages, le tissu risque de gondoler puisque la broderie aura été réalisée en déformant le tissu.
Quand on brode le support à plat, il est maintenu dans sa configuration d’origine, ce qui assure une qualité constante dans la broderie, ainsi que toute absence de déformation du tissu.
Au niveau du temps de réalisation, la préparation de la production est un peu plus longue, mais la régularité dans la qualité des broderies réalisées, ainsi qu’un temps de finition plus court, compensent largement cet aspect un peu fastidieux.
La mise en œuvre de la technique pas à pas.
LA PROGRAMMATION
Il existe deux options possibles :
– Travailler en point de départ au centre. Cette méthode va obliger à utiliser de la colle temporaire ou tout autre moyen pour fixer le support sur le pantographe.
– Travailler en départ stop position. Cela consiste à insérer, comme indiqué sur la photo ci-dessous, une vingtaine de points de piqûre aller-retour sous une zone qui sera par la suite recouverte par la broderie finale. À la fin de cette piqûre, insérez un coupe-fil puis un arrêt stop que vous allez ensuite déplacer à l’horizontale vers un autre point situé lui aussi à un emplacement qui sera recouvert par la broderie. Ces deux points vont vous permettre de positionner précisément notre broderie sur le support.
LA PRÉPARATION DU SUPPORT
L’étape du pointage consiste à positionner la broderie de façon adéquate sur le support en utilisant un gabarit établi à partir de la fiche technique du programme à broder. Ceci va vous permettre de garantir une horizontalité parfaite de votre broderie.
Pour préparer le gabarit, vous devez ensuite percer 2 points si vous travaillez en stop position, le point de départ et le stop position (cf. photo), et 3 points si vous travaillez en départ au centre, le point de départ et deux repères sur une ligne horizontale passant par le point de départ.
Petit conseil : pour broder les casquettes à plat, je vous conseille d’utiliser la méthode du point de départ au centre en positionnant celui-ci sur la couture centrale de la casquette, afin d’obtenir un parfait centrage de la broderie.
Pensez à pointer vos supports à l’aide de marqueurs ou de crayons qui peuvent être éliminés à l’eau. En effet, certaines marques peuvent subsister après la broderie (notamment quand les points sont positionnés sous un petit lettrage).
Pour pouvoir broder votre article sans l’encadrer, vous devez bien évidemment rigidifier celui-ci : pour cela, utilisez de la viseline thermocollante que vous allez appliquer à l’envers de la broderie comme indiqué sur la photo.
Petit conseil : n’hésitez pas à appliquer deux épaisseurs dans le cas où vous brodez des supports fins ou très déformables, en particulier si la broderie à réaliser exerce de fortes contraintes sur le tissu.
Autre solution pouvant s’appliquer dans certains cas et permettant de gagner en temps de préparation : mettez sur votre pantographe de la viseline autocollante et collez ainsi directement votre support sur celle-ci.
LA BRODERIE
Pour broder un article monté, vous allez devoir le faire en programmant votre machine pour qu’elle brode à 180°, comme l’oblige le positionnement du support sur la machine.
Pour les supports ouverts, comme les vestes à grand Zip ou les serviettes, vous allez pouvoir broder à l’endroit.
Dans la programmation de votre machine, vous allez également devoir commencer par répéter deux fois la première couleur, en effet les points de fixation et la première couleur doivent être identiques. Reprenez ensuite le cycle normal de votre programmation de couleurs.
LE CYCLE DE COULEUR
Vous positionnez tout d’abord votre aiguille de première couleur au-dessus du point de départ, puis vous lancez la machine. Celle-ci va d’abord réaliser les points de piqûre, puis venir se déplacer au-dessus du stop position avant de s’arrêter. Vous allez alors aligner votre aiguille sur ce deuxième point et relancer la machine pour qu’elle puisse réaliser la broderie.
Dans le cas où vous utilisez de la viseline autocollante sur votre pantographe ou si vous employez la méthode avec un point de départ au centre, vous devez faire votre alignement directement par rapport au point marqué, avant de lancer la machine. Pour cela, utilisez le devant de votre machine qui généralement est droit pour réaliser un alignement visuel. Ainsi, vous pouvez relancer immédiatement votre machine.
Quant aux finitions, outre le nettoyage traditionnel de la broderie, cela se limite à retirer la viseline thermocollante et à remettre le support textile à l’endroit.
CAS PARTICULIERS
Il est possible d’utiliser la technique de broderie à plat dans les cas suivants :
Parfois, il convient d’utiliser cette technique en utilisant les cadres, ceux-ci servant juste à tenir le support en cas de vêtements doublés ou en cas d’accès difficile (manche par exemple). Le cadre n’est alors pas fixé sur la machine, il est juste posé sur le pantographe.
En conclusion, je reconnais que cette technique, pour les brodeurs habitués à broder avec cadres et sur machines tubulaires, représente un changement radical dans leur organisation de travail et il est parfois bien difficile de changer ses habitudes. Cependant, cette méthode offre de nombreux avantages, tant au niveau de la qualité du travail réalisé que de sa précision. Je vous recommande, dans un premier temps, de l’appliquer sur des pièces manches courtes comme les polos et les tee-shirts. Une fois aguerri, vous aurez ensuite tout le loisir de la généraliser à vos productions.
Enfin, n’oubliez pas que cette technique est déconseillée pour certains types de production (maroquinerie, broderies dos importantes, etc.) et que les machines tubulaires offrent des possibilités d’accès à certaines zones que la technique de broderie à plat ne permet pas.
Olivier Cetra